"Au revoir maîtresse... "

Vendredi 6 juillet, c'est la fin des classes à Boulogne-Billancourt. Alors, prenons quelques minutes pour lire un article paru dans Le Parisien de ce jour signé de Claudine PROUST

Ce soir, les derniers petits écoliers rangeront les cartables. Quand ils allaient encore à l'école cette semaine, ils y ont souvent surtout apporté des jeux et des cadeaux ! Selon une coutume persistante, les derniers jours, de nombreux petits élèves de maternelle ou de primaire franchissent le seuil de la classe en tendant fièrement à leur maître ou maîtresse un bouquet, une enveloppe, un paquet... Lequel aura assez invariablement plongé ses parents dans les affres : cadeau ou pas ? Et puis, on lui offre quoi à l'instit de ses enfants ?

Rien, si l'on s'en tient aux doctes principes de Ferdinand Buisson, inspirateur des réformes scolaires de Jules Ferry, qui stipulait dans son « Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire » fin XIXe que « l'enseignant ne doit accepter aucun cadeau des parents ». « Ce n'est pas du tout obligatoire », rappelle Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp. Lui-même professeur des écoles en Touraine apprécie « le geste du coeur », mais craint toujours qu'il ne mette mal à l'aise l'enfant qui viendrait les mains vides. « Je me pose toujours la question. En fait je trouve que ça fait un peu... lèche-bottes et du coup je n'ai fait de cadeaux que deux fois, lorsque je trouvais l'enseignant exceptionnel », tranche Laurence, maman francilienne de deux enfants de 8 et 11 ans.

« Un gros bouquet, ça fait toujours plaisir »

« Quand je remercie les parents d'une petite carte, je leur dis que je n'ai fait que mon travail. Il n'empêche que quand la maman d'un enfant qu'on a particulièrement suivi vient avec un gros bouquet, ça fait toujours plaisir », raconte Christelle, maîtresse de CP en Moselle. « Le simple petit mot de remerciements me touche tout autant », assure Catherine, rentrée de son CM 1 de Boulogne-Billancourt les bras chargés. Deux bougies parfumées, un porte-stylo, du thé, des produits de bien-être et relaxants... « Rien que des cadeaux personnels, c'est plus touchant qu'un bon d'achat : j'ai comme ça depuis dix ans un cadre qui, chaque fois que je le vois, me fait souvenir de l'élève qui me l'a offert. »

Encore faut-il oser la touche personnelle. « Parfois, on reçoit de petits bibelots du genre à prendre la poussière, dont on se dit que ça alimentera la kermesse du village l'année d'après », avoue joliment Christelle. La boîte de chocolats et surtout le bouquet restent une valeur sûre. La maîtresse d'une petite école du Val-de-Marne a ainsi quitté sa classe ensevelie sous six bouquets, espérant que ses invités du soir ne lui en apportent pas un de plus. « Des fleurs, toujours, même pour les hommes », constate Yannick Trigance, directeur d'école à Epinay (Seine-Saint-Denis). Mais selon les quartiers, les budgets et les ambiances de classe, le cadeau peut se révéler très conséquent et « travaillé ». Les parents se cotisent. Pour éviter le mauvais choix, ils optent régulièrement pour les bons d'achat en librairie. Mais à Paris, dans une maternelle du IIIe arrondissement, ils se sont associés non seulement pour fabriquer un recueil de dessins de leurs petits, mais aussi pour offrir un appareil photo au maître. « Une de mes collègues a reçu un bon pour une journée au hammam, raconte Catherine, et mes collègues hommes reçoivent souvent des bouteilles de vin ou de champagne », tandis qu'à Vaucresson, banlieue chic et cosy, une maîtresse de maternelle s'est vu offrir un week-end dans un hôtel de charme.