La construction des ségrégations scolaires

A la lecture d'un ouvrage, il est possible d'être frappé par la coïncidence entre les lignes lues et la réalité quotidienne. Ainsi les lignes suivantes extraites d'un article, intitulé "La construction des ségrégations scolaires en France et en Angleterre", d'Agnès VAN ZANTEN (CNRS, Observatoire sociologique du changement) et de Stephen BALL (université de Londres, Institut de l'Education) feront échos chez certains parents de Boulogne-Billancourt.

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"Or, par leurs choix, qui se dirigent généralement vers certains type d'établissements jouissant d'une bonne réputation, les parents dévalorisent encore davantage l'image des établissements possédant une mauvaise réputation. Ces établissements, tant en France qu'en Angleterre, se caractérisent généralement par le fait d'avoir de meilleurs résultats aux examens, mais il s'agit pas nécessairement d'établissements très performants dans la mesure où ces résultats sont étroitement liés à la concentration d'élèves qui avaient déjà un bon niveau à l'entrée. En outre, dans les deux pays, les parents sont, de façon évidente, à la recherche d'établissements comportant un "bon" mélange social pour leurs enfants. En France, les parents évoquent dans les enquêtes, avec plus ou moins d'euphémisme, les "rencontres intéressantes", les "bonnes ou mauvaises fréquentations.

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Il faut (…) souligner que les pressions des parents qui conduisent, volontairement ou non, à la production des ségrégations, ne s'exercent pas seulement par le choix entre établissements mais aussi par l'action des parents à l'intérieur des établissements. Cette action prend souvent la forme d'une demande de placement des enfants dans des classes et des groupes de niveau qui sont aussi, le plus souvent, socialement sélectifs. Cette pression est plus forte en France et s'étend à d'autres domaines comme les tentatives pour accaparer l'attention des enseignants dans une véritable entreprise de "colonisation" de certains établissements, du fait que, en l'absence d'une politique de choix officielle, le nombre des parents désireux de choisir et relativement compétents est beaucoup plus élevé que dans les établissements hétérogènes ou plutôt défavorisés.

Ceci est encore plus vrai à Paris que dans d'autres villes en France. En effet, la richesse de l'offre et la concentration des catégories favorisées y encouragent l'élévation des aspirations scolaires qui peuvent se réaliser seulement en contournant la carte scolaire ou en "privatisant" les établissements de quartier car le prix des logements et des loyers ne permet pas toujours de choisir son lieu de résidence en fonction des établissements désirés."